Marie L’hospitalier travaille depuis 10 ans au Parc naturel régional des Vosges du Nord, qui s’étend sur 111 communes et 8 communautés de communes du Bas-Rhin et de la Moselle. Dans le dernier épisode du podcast En Immersion, elle nous raconte les origines et l’histoire de La Sauer, qui porte les marques d’une longue période d’anthropisation.
Aujourd’hui, des femmes et des hommes œuvrent pour que le territoire retrouve son état naturel en laissant plus de place au « sauvage » dans cette nature. Ainsi, le Parc naturel régional des Vosges du Nord a notamment pour mission le maintien de la biodiversité et de la fonctionnalité de ses écosystèmes : forêts, cours d’eau, zones humides, rochers, vergers et prairies. Ses principales activités sont l’accompagnement technique des élus, la gestion de la réserve naturelle des rochers et tourbières du Pays de Bitche, la mise en œuvre du programme Natura 2000, le suivi scientifique d’espèces et de milieux remarquables et la sensibilisation du public à la protection de la nature.
Grâce à son action et à la mobilisation de partenaires tels que l’agence de l’eau, la liberté rendue aux milieux naturels permet le maintien et le retour d’espèces emblématiques en termes de biodiversité. Zoom sur 3 d’entre elles !
Le Castor d'Europe
Le Castor (Castor fiber) est en expansion dans les Vosges du Nord. Le plus gros rongeur d’Europe pèse entre 12 et 35 kg et mesure 90 à 120 cm de la tête au bout de la queue, difficile de le confondre !
Quasiment disparu de la Région Grand Est au XVIIème siècle, le Castor d’Europe a bénéficié, à partir des années 80, de programmes de réintroduction. Ce fut également le cas dans les pays limitrophes. Dans le Parc naturel régional des Vosges du Nord, les premiers indices de présence ont pu être observés sur la rivière de la Horn dès 2010, mais l’installation de l’espèce n’a été confirmée qu’en 2013.

Malgré sa taille imposante, c’est un animal discret, que l’on aperçoit rarement, notamment à cause de ses mœurs nocturnes. Sa queue plate qui le caractérise, lui assure diverses fonctions : propulseur et gouvernail lors de ses déplacements aquatiques, réserve de graisse pour l’hiver, elle sert aussi à avertir ses congénères d’un danger lorsqu’il la claque à la surface de l’eau.
Même si le Castor d’Europe n’est pas aussi bâtisseur que son cousin le Castor d’Amérique, il reste un véritable architecte du paysage et aménage le milieu naturel à son avantage. Diverses études montrent que ces aménagements peuvent également servir à tout un panel d’autres espèces, c’est pourquoi on qualifie le castor d’espèce parapluie.
L'écrevisse des torrents
Le Parc naturel régional des Vosges du Nord abrite deux des trois dernières stations françaises de cette espèce emblématique des ruisseaux forestiers dynamiques. L’écrevisse des torrents, menacée de disparition, apprécie en effet la fraîcheur des ruisseaux collinéens à forte variation de débits dans des contextes plutôt argileux.
En plus de devoir faire face à la dégradation de milieux aquatiques, l’écrevisse des torrents subit la concurrence de l’écrevisse du Pacifique introduite récemment dans les eaux françaises et qui est de surcroît porteuse d’un champignon qui décime les populations natives. Sur un ruisseau mosellan d’où l’espèce avait disparu et après quelques travaux préalables (effacement d’un étang dont les eaux stagnantes augmentaient la température du cours d’eau, mis en défens du ruisseau pour éviter le piétinement du lit par le bétail, restauration de la ripisylve…), des écrevisses des torrents en âge de se reproduire ont été réintroduites. Les nombreux partenaires techniques et financiers de ce projet ont constaté avec plaisir que des juvéniles avaient réussi à se développer correctement sur ce site. Les écrevisses des torrents encore présentes en Moselle et dans le Bas-Rhin sont génétiquement proches des populations bavaroises.
Un projet transfrontalier Interreg est d’ailleurs en cours pour mobiliser l’ensemble des partenaires franco-allemands sur ce projet de conservation ambitieux !
Comment se déroule la réintroduction d’une écrevisse des torrents dans son milieu naturel ? La réponse en vidéo ci-dessous !
La truite fario
L’artificialisation des cours d’eau, couplée à la pollution des milieux naturels, sont les principales menaces des espèces aquatiques. À l’instar de la truite fario, présente dans les cours d’eau des Vosges, elles sont d’excellentes indicatrices de la qualité de l’eau.
La truite fario est un poisson de la famille des salmonidés. D’une longueur allant de 25 à 100 cm chez l’adulte, elle possède un corps élancé et fusiforme parfaitement adapté à une nage rapide. Elle a la particularité de posséder une nageoire adipeuse « inutile » entre les nageoires dorsale et caudale. Sa tête a un museau pointu, une mâchoire puissante et une bouche possédant de petites dents.
La robe de la truite fario est plutôt brune avec des taches noires et rouges éparses. Sa couleur peut fluctuer suivant le fond de ses lieux de vie puisque le brun dominant deviendra une robe verte si elle vit près des berges où se mélangera du jaune et même parfois du blanc argenté. Son dos est d’un joli noir ou bleu nuit.
La période de frai s’effectue suivant l’état des eaux d’octobre à fin décembre, parfois jusqu’au début du mois de janvier, sur des sols graveleux.
Les actions de restauration de la continuité écologique entreprises sur le territoire profitent à toutes les populations piscicoles. La présence d’espèces telles que les truites fario sont donc le symbole d’une bonne qualité écologique des cours d’eau.
En savoir plus sur le programme de restauration des cours d’eau des bassins de la Moselotte et de la Vologne.
Sources : Parc naturel régional des Vosges du Nord.