À Aviré, la rivière reprend ses droits !

Pour restaurer un milieu naturel dégradé et réduire le risque d’inondation, la mairie d’Aviré, dans le Maine-et-Loire, a supprimé l’étang et laissé la Sazée s’écouler de nouveau aux abords de la commune.
En 2007, la parcelle de l’étang passe dans les mains de la commune. Se pose alors la question de son réaménagement car, comme l’indique Marie-Agnès James « c’est un espace artificiel qui mourait, l’eau n’était pas oxygénée parce que l’étang n’était pas alimenté par la Sazée. On avait aussi un problème d’inondation car lors des crues de la rivière, les eaux convergeaient vers les habitations et non sur la rive opposée de l’étang ».
Quand l’étang laisse place à la rivière
La décision de la collectivité est aussi audacieuse qu’adaptée. L’étang a tout bonnement disparu pour laisser place de nouveau au cours de la rivière.
« Avec l’entreprise Edelweiss, nous avons recréé une mosaïque d’habitats du milieu aquatique ainsi que la zone humide, qui avait été supprimée par la création de l’étang. On a aussi créé des mares en bordure ou encore des bras morts. Nous avons concilié plusieurs objectifs. Ce n’est pas un projet uniquement écologique car nous avons pris en compte le risque inondation, l’aspect paysager et récréatif et aussi l’activité de pêche » résume Sylvain Lacote, ingénieur milieux aquatiques au syndicat de bassin de l’Oudon Sud.
Faire participer les habitants
La concertation avec la population est centrale pour l’équipe municipale. Les habitants d’Aviré ont été associés au projet dès le départ.
« On m’avait dit que les réunions publiques en général étaient souvent désertées. Mais notre salle communale était presque pleine lorsqu’on en a organisé une ! Ça démontre bien que la population était intéressée par le projet. Du coup, par la suite, tout s’est parfaitement bien passé » se souvient Marie-Agnès James.
Les résultats sont probants, le risque d’inondations est limité, la biodiversité se diversifie et tout un chacun peut profiter d’un site parfaitement aménagé pour se balader paisiblement, jouir des nouvelles installations et profiter de la belle vue offerte par les méandres de la Sazée. Reconnaissance du travail accompli : le projet a reçu en 2014 un prix du conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE).
Interview de Marie-Agnès James, maire d’Aviré
Que retenez-vous de ce projet ?
Pour une petite commune comme Aviré, avoir réalisé un tel chantier ce n’est pas rien. Nous sommes très fiers du résultat et de la conduite du projet dans son ensemble. Du début à la fin, l’ensemble du conseil municipal s’est investi, je tiens à le souligner. C’est aussi une action exemplaire et de nombreuses communes aux alentours sont venues faire la visite du site. Ça montre que c’est une expérience utile aux autres. Il ne faut pas oublier que c’est un projet innovant, on ne trouve rien de semblable dans le Maine-et-Loire. On va continuer à agir dans cette direction, car à Aviré, on ne s’arrête pas !
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
Il ne faut pas avoir peur de se lancer dans un projet ambitieux. Surtout, ne pas hésiter à demander conseil et multiplier les sollicitations des organismes qui sont là pour nous accompagner. Pour effectuer un travail comme celui-ci, il faut aussi avoir une équipe soudée. Que chacun soit motivé et veuille changer les choses. Tout n’est pas simple, mais la preuve est qu’on y arrive ! Et puis il ne faut pas oublier les habitants, il faut que la population s’approprie le projet !
Le projet en vidéo :
Le Parc du peuple de l'herbe : une zone humide pour tous

La réhabilitation de cette zone humide de 113 hectares est un projet audacieux illustrant le besoin de reconnecter davantage les usages urbains à la nature. Pensé comme un espace de transition entre le paysage urbain et le fleuve, le vaste Parc du peuple de l’herbe de Carrière-sous-Poissy (dans les Yvelines) protège à la fois sa population des crues de la Seine en la laissant déborder sur cette zone humide fonctionnelle et offre des habitats pour la biodiversité.
Un espace multifonctionnel pour l’eau, la biodiversité et la population
Auparavant occupé par une carrière d’extraction de granulats et des terrains agricoles, le site s’est progressivement enfriché. Classé en zone non urbanisable et inondable et en Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type II (grands espaces naturels) dans le Plan de Prévention des Risques Inondations (PPRI), ce site est alors préempté en 2010 par le Département des Yvelines en vue d’y commencer les travaux de restauration. Relativement peu pollué, le sol a subi un simple traitement par phytoremédiation grâce à des écosystèmes épurateurs utilisant des plantes vasculaires, des algues ou des champignons, et par extension des écosystèmes qui supportent ces végétaux. Les travaux menés ont permis de redonner au site son caractère de « zone humide alluviale » avec, notamment, la création de roselières et de prairies sauvages, d’un réseau de mares, et la restauration des berges.
L’architecture et les aménagements du parc ont été particulièrement soignés et ont su rester discrets afin de favoriser les habitats diversifiés des insectes, des amphibiens ou encore des nombreuses espèces d’oiseaux inventoriés annuellement sur le site. Le lieu offre à présent des terrains de sports, de loisirs et un parcours pédagogique au départ de la Maison des insectes, passant par exemple par l’Observatoire du parc sur une boucle de promenade et contribue ainsi à l’amélioration du cadre de vie de nombreux franciliens.
En quoi la restauration des zones humides alluviales est-elle utile pour s’adapter au changement climatique ?
Le Parc du peuple de l’herbe remplit plusieurs missions essentielles pour l’eau et la biodiversité : il constitue un corridor écologique pour la biodiversité et restaure une zone humide qui joue un double rôle d’expansion de crue et d’éponge stockant l’eau en période humide et restituant l’eau en période sèche. Dans des zones fortement urbanisées comme celle du Grand Paris, l’augmentation des fortes pluies liée au changement climatique pourrait aggraver les risques d’inondations. Parallèlement, la baisse des débits des rivières confirme le caractère primordial de la restauration des zones humides.
Source : agence de l’eau Seine-Normandie
De nouvelles stations d’épuration = de nouveaux emplois !

L’agence de l’eau Artois-Picardie oeuvre pour la qualité et la quantité de la ressource en eau sur son bassin grâce à ses investissements, qui représentent des contrats et des emplois pour les entreprises de nombreux secteurs sur le territoire. Et sur le 10ème programme, ça donne quoi ? Exemples avec la construction de 3 stations d’épuration et leur impact en termes d’emplois.
Sur le 10ème programme (2013-2018), l’agence de l’eau Artois-Picardie a investi plus de 146 millions d’euros pour les stations d’épuration des collectivités territoriales, ce qui représente près de 2 400 emplois (directs, indirects et induits). Le saviez-vous ? Ces 6 années d’actions représentent 11 200 emplois sur le bassin. Pour en savoir plus sur les emplois créés par le 10ème programme de l’agence de l’eau Artois-Picardie, rendez-vous juste ici.
Focus sur la construction de 3 stations d’épuration
La station d’épuration de la Flamengrie
La commune de la Flamengrie est une commune rurale, située dans le département du Nord. Afin de supprimer les rejets des eaux usées provenant des habitations du centre bourg dans le milieu naturel, il a été décidé de construire une station d’épuration. La capacité de cet ouvrage est de 500 EH*.
Filière de traitement retenue : boues activées en aération prolongée. Cet équipement contribue à l’élimination des matières en suspension, des matières carbonées et azotées présentes dans l’eau, responsables de la présence d’algues vertes dans les cours d’eau (eutrophisation). Cette opération vise à optimiser la qualité des eaux usées rejetées dans le milieu récepteur. Les boues produites à l’issue du traitement sont épaissies puis stockées sur site avant d’être utilisées pour amender les terres agricoles.
- Montant total des travaux : 563 000 € HT
- Participation financière de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie : 242 105 €
- Inauguration : avril 2015
- Constructeur : groupement CLAISSE ENVIRONNEMENT/STBM
- Exploitant : régie Noréade
La station d’épuration de Richebourg
L’ancienne station d’épuration de Richebourg a été mise en service en 1979 pour traiter les eaux usées de cette commune. D’une capacité de 1 200 EH, elle ne permettait plus de traiter efficacement les eaux usées par temps sec et par temps de pluie. Il a donc été décidé de construire de nouveaux équipements. La nouvelle installation dispose d’une capacité nominale de 4 000 EH, ce qui lui permet de recueillir désormais les eaux usées des communes voisines. Pour faire face aux événements pluvieux, un bassin de stockage de 300 m3 a été construit pour recueillir les premières eaux usées de temps de pluie.
- Coût total des travaux : 3 200 000 € HT
- Participation financière de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie (y compris le bassin de stockage) : 1 270 374 €
- Inauguration : novembre 2013
- Constructeur : SADE et EIFFAGE TP
- Exploitant : ARTOIS COMM
La station d’épuration de Wormhout
Les eaux usées provenant des communes d’Esquelbecq, Ledringhem et Wormhout étaient traitées par deux stations d’épuration. La première, d’une capacité de 3 000 EH, a été mise en service en 1976. La seconde, d’une capacité de 1 000 EH, a été construite en 1989.
Afin d’assurer une bonne performance épuratoire de l’ensemble de la population actuelle (8 000 habitants) et de tenir compte de son accroissement, il a été décidé de concevoir un nouvel ouvrage, en remplacement des deux stations existantes, dont la capacité passe à 10 000 EH.
- Montant total des travaux : 4 880 000 € HT
- Participation financière de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie : 2 889 125 €
- Inauguration : avril 2015
- Constructeur : groupement TERNOIS SAS/EIFFAGE
- Exploitant : régie Noréade
*Equivalent-Habitant (EH) : Unité de mesure permettant d’évaluer la capacité d’une station d’épuration. Cette unité de mesure se base sur la quantité de pollution émise par personne et par jour.
Source : agence de l’eau Artois-Picardie
Enquête pour l'amélioration de l’état écologique du Marais poitevin

Le Marais poitevin est une zone humide emblématique de la façade atlantique du bassin Loire-Bretagne, alimentée par de nombreux cours d’eau et nappes. Sa localisation et ses spécificités environnementales uniques expliquent la présence d’une biodiversité importante. La gestion de l’eau est donc un enjeu majeur sur ce territoire.
Dans le cadre du schéma directeur d’aménagement et de gestion de l’eau (Sdage) du bassin Loire-Bretagne, un travail à vocation pédagogique a été mené en 2017 afin de mieux connaître les impacts et les bénéfices économiques associés à l’amélioration de la gestion quantitative de l’eau dans le Marais poitevin.
Parmi les analyses menées, une enquête auprès des habitants du territoires a permis de mieux connaître la valeur qu’ils accordaient à l’amélioration de l’état écologique du Marais poitevin. La démarche consiste à présenter aux personnes interrogées des scénarios d’aménagement différenciés en termes de pratiques touristiques et de loisirs, de richesse écologique et de paysage… Chaque personne interrogée doit alors choisir un scénario, compte tenu de son coût de mise en œuvre.

535 ménages du Marais poitevin ont participé à l’étude par l’intermédiaire d’un questionnaire par email. L’analyse des réponses apportées a permis d’une part d’apprécier la priorité accordée par les habitants aux différents caractéristiques du Marais poitevin, et d’autre part d’apprécier ce qu’ils consentiraient à payer pour améliorer la diversité biologique, les usagers de loisirs ou encore la qualité du paysage. Les résultats de ces évaluations sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Ainsi, la démarche a notamment permis d’estimer le niveau d’ambition des ménages pour l’amélioration écologique du Marais poitevin et leur accord pour contribuer au financement de ces actions, décrite d’une manière simple par « le niveau d’abondance d’espèces, la diversité d’espèces et le niveau de protection d’espèces emblématiques rares et protégées ». Extrapolée à l’échelle de la population du territoire, la valeur accordée à l’amélioration de la biodiversité dans le Marais poitevin est estimée à 7 millions d’euros par an.
L’étude menée et l’analyse de ses résultats permettent d’illustrer plusieurs rôles que peut jouer l’économie dans l’élaboration d’un programme d’actions pour l’amélioration de l’état des ressources en eau sur un territoire donné :
- Souligner l’importance socio-économique des usages et de la gestion de l’eau pour le territoire concerné,
- Comprendre les évolutions tendancielles socio-économiques du territoire et leur traduction sur le milieu,
- Comparer différentes actions et/ou évaluer la pertinence de celles proposées en comparant leurs coûts et leurs effets.
Source : Éclairer les dimensions sociales et économiques de la politique de l’eau du bassin Loire-Bretagne, agence de l’eau Loire-Bretagne
Avec le Syndicat mixte d’eau et d’assainissement du Caux central : remettre des surfaces en herbe, c’est tout bénéfice !

En Seine-Maritime (76), la surface des prairies décline très rapidement, malgré leur rôle essentiel pour une eau potable de qualité et pour la résilience des territoires face aux changement climatique. Pour réagir, le SMEACC (Syndicat mixte d’eau et d’assainissement du Caux central) a déployé des paiements pour services environnementaux afin de rémunérer les agriculteurs qui maintiennent ou remettent des surfaces en herbe.
Un objectif environnemental ambitieux pour faire baisser les coûts de traitement de l’eau potable
Depuis 2013, les surfaces en herbe ont diminué de 16% sur le territoire du SMEACC, qui représente 41 communes et 17 000 abonnés. Comme l’explique Guillaume Lasnon, agriculteur-éleveur engagé dans la démarche, « si on ne peut plus boire l’eau du robinet ce sera un échec, la plupart des agriculteurs l’ont bien compris ». D’ailleurs, le Syndicat du Caux central a vu ses coûts de traitement de l’eau potable s’accroître avec la disparition des prairies, moins fertilisées et traitées que les cultures, mais aussi essentielles pour filtrer l’eau et retenir les eaux de ruissellement. Une solution efficace et peu coûteuse pour lutter contre les ruissellements et les pollutions engendrées consiste donc à remettre en herbe au minimum les talwegs, ou fonds de vallée.
Avec l’agence de l’eau Seine-Normandie, le syndicat a fixé un objectif environnemental ambitieux : enherber 112 km de zones stratégiques pour les écoulements et maintenir ou restaurer des prairies. Aujourd’hui, 24 conventions ont été signées entre le syndicat et les agriculteurs, représentant 10% de la cible fixée, et ce n’est qu’un début !

En consultant à la fois leurs abonnés d’eau et les agriculteurs de leur territoire pour savoir combien les uns étaient prêts à payer et à quel prix les autres étaient prêts à agir, le syndicat peut proposer 700 €/ha en herbe aux agriculteurs pour les inciter à garder ou restaurer leurs surfaces en herbe, bonifiés à 800 €/ha (environ 15% de bonus) pour les talwegs les mieux protégés. Plus les agriculteurs protègent l’aire d’alimentation de captage, plus les économies faites par l’usine de potabilisation permettront de les rémunérer. « Cette rémunération ne résout pas tout », selon Guillaume Lasnon, « mais elle est bienvenue, et [lui] permettra de mieux sécuriser sa situation financière » et in fine de « prendre plus de risques pour améliorer ses pratiques environnementales ».
Photo : Une bétoire (zone d’engouffrement des eaux pluviales) s’est agrandie en 5 ans sans bande enherbée pour stopper les ruissellements et diluer les polluants. Actuellement, les eaux s’y engouffrent en 17 heures dans le captage pourtant situé à 7 km.
Une réflexion pour pérenniser ce service environnemental
Maintenir une prairie était jusqu’à présent faiblement rémunérateur pour les agriculteurs, c’est pourquoi ce service est payé, avec, dans un premier temps, un financement de l’agence de l’eau.

Une réflexion sur la pérennisation de ces pratiques et du financement au niveau local a été amorcée par le syndicat ses partenaires, l’agence de l’eau, les CIVAM, le syndicat de bassin versant, et le département 76.
Pour en savoir plus, rendez-vous ici.
Source : agence de l’eau Seine-Normandie
La restauration écologique de la Leysse

Le chantier de restauration de la Leysse a eu un double objectif : sécuriser les digues de la Leysse entre Chambéry et La Motte-Servolex pour lutter contre le risque d’inondation et restituer un corridor écologique à la rivière. Ces travaux ont été bénéfiques pour l’environnement comme pour la protection des personnes et des biens contre les inondations.
Depuis leur création, il y a entre 100 et 150 ans, les digues s’étaient fragilisées. Des arbres ont poussé, déstabilisant la structure, ainsi que l’ouvrage, qui n’était plus étanche et ne remplissait plus son rôle. En cas d’inondation, la voie rapide urbaine, les zones pavillonnaires et économiques étaient directement menacées. Les dernières inondations subies dans les années 90 ont démontré l’enjeu de ces aménagements.
La restauration écologique de la Leysse : un chantier de 17 millions d’euros pour se prémunir face un risque de 120 millions d’euros de dégâts potentiels.
Une ambition environnementale
Ce chantier a permis de restituer un corridor écologique à la rivière, dorénavant connectée à une zone humide entièrement végétalisée. Le lit de la rivière a été repensé et de nouveaux méandres ont été créés. Suite au retrait d’arbres, nécessaire au déroulement des travaux, de nouvelles plantations ont été réalisées. Ces aménagements ont apporté de l’ombre et régulé la température de la rivière en été, permettant par ailleurs de créer un lieu de vie autour du cours d’eau.
Le chantier en chiffres
- 2,8 km de travaux
- 8 350 000 € de subventions
- État : 4 800 000 €
- Agence de l’Eau : 3 200 000 €
- Région : 350 000 €
- 7 200 personnes protégées contre la crue centennale
- 60 000 nouveaux végétaux replantés
- 5 hectares de zones humides créés
Le projet en vidéo
Sources : Grand Chambéry, agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse