L'arasement d’un seuil sur la Corrèze

Achevé en septembre 2009, l’arasement de ce seuil situé sur la commune de Tulle poursuivait un triple objectif :
- Assurer la libre circulation des canoës-kayaks,
- Permettre la recolonisation de la truite et du saumon
- Rétablir un profil en long proche des conditions existantes avant perturbations.

Au sein de la ville de Tulle, la présence de six seuils fait obstacle à la continuité écologique, notamment piscicole, et empêche la progression des canoës-kayaks. Le plus important d’entre eux, le seuil de BW, présente une hauteur de chute de trois mètres et la retenue générée en amont s’étend de 600 à 850 mètres selon les débits observés. C’est ce seuil qui est concerné par l’effacement.
L’élément déclencheur est le projet d’aménagement de seuils pour améliorer le franchissement des canoës-kayaks, porté par la communauté de communes dans le cadre de la mise en valeur touristique de la Corrèze. Mais la vétusté et l’absence d’usage économique du seuil de BW, les problèmes de sécurité publique que cela engendrait ainsi que les problèmes de circulation piscicole, malgré la présence d’une passe à poissons depuis 1995, ont conforté cette prise de décision.

Les travaux et aménagements
L’étude globale menée sur quatre seuils révèle que :
- Le seuil situé le plus en amont est un seuil mobile, abaissé en période de hautes eaux et possédant un dispositif de franchissement piscicole. Son aménagement n’est pas prioritaire et il a fait l’objet d’un réaménagement pour les canoës dans un deuxième temps
- Les deux seuils situés au milieu du parcours ne posent pas de problème de franchissement par les canoës ni de rupture de la continuité écologique car ils disposent déjà d’aménagements
- Seul le seuil situé en aval est problématique.
Ainsi ce seuil est partiellement arasé afin de maintenir une chute résiduelle de 30 cm permettant de garantir la stabilité du profil en long. Cette chute est franchissable par les poissons et les canoës.
En aval du seuil, un tapis d’enrochements sur 40 m de long est réalisé pour rehausser la côte du plan d’eau aval et pour éviter les phénomènes d’érosion régressive. Cette rampe est cintrée pour concentrer les écoulements et faciliter le passage de la faune piscicole à l’étiage.
Les berges sont protégées par la pose d’un géotextile végétalisé sur 600 m en amont du seuil et en intrados de méandre.
En extrados de méandre, des épis déflecteurs en enrochement, intercalés avec des sous-couches de remblais composés de sédiments grossiers extraits dans la retenue, sont mis en place pour conforter le mur de soutènement de la route existant et pour recentrer les écoulements.
Le suivi
Un état initial portant sur le compartiment physique et l’analyse des sédiments est effectué par un bureau d’étude en 2005. Les mesures réalisées concernent :
- la stabilité des berges et de la végétation en place
- un profil en long sur 7 km de la ligne d’eau en étiage et du fond
- 26 profils en travers
- des observations et mesures topographiques
- une évaluation des volumes sédimentaires stockés et de la granulométrie moyenne avec recherche de huit métaux lourds
- des relevés hydroécologiques et morphodynamiques
- des modélisations hydrauliques.
Les seules données piscicoles disponibles avant travaux sont celles de la pêche de sauvegarde.
La communauté de communes et la fédération départementale de la pêche entreprennent un suivi post-travaux sur un secteur en amont (à 800 mètres) Schéma de localisation des travaux de renaturation de la Corrèze en centreville de Tulle. AFB, mai 2018 Effacement total ou partiel d’obstacles transversaux Communauté de communes Tulle & cœur de Corrèze Le seuil de BW à Tulle en juin 2008, avant les travaux d’effacement. Le site après l’effacement du seuil en septembre 2008. Communauté de communes Tulle & cœur de Corrèze et en aval (à 600 mètres) du seuil. Trois compartiments sont suivis : l’hydromorphologie, la végétation et les poissons. L’évaluation de l’évolution du fond du lit – substrat, granulométrie, hauteurs d’eau, vitesses – est réalisée jusqu’au dernier seuil (levés topographiques et micromoulinet). Un suivi de la stabilité des berges et de la végétation plantée est également mis en place. Enfin, un comptage des frayères sur environ 1 200 m et deux sondages du peuplement piscicole par pêche à l’électricité sont réalisés en 2010 et 2012.


Le bilan et les perspectives
Pour répondre à l’ensemble des objectifs, la meilleure solution consistait bien à araser le seuil de BW. Les aménagements complémentaires qui sont réalisés sont nécessaires pour protéger la route et la zone d’activité située de part et d’autre du cours d’eau. Dans la lancée de ce premier arasement dans la ville de Tulle, un second seuil, celui de pont des Soldats est arasé puis dérasé en 2010.
Le profil en long de ce secteur tend vers un profil d’équilibre naturel. De plus, l’opération est un succès pour l’activité canoë-kayak puisque que celle-ci dispose depuis la réalisation de ces aménagements d’un parcours de 18,5 kilomètres de long.
La proportion de chenaux lentiques diminue fortement au profit de faciès rapides suite aux travaux. En amont du site, l’effet « retenue » se faisait sentir sur une longueur de 700 mètres et les matériaux sableux accumulés représentaient un volume de 4 200 à 4 800 m3 sur une épaisseur de 70 à 80 cm. Sur le secteur étudié, la Corrèze retrouve des variations de hauteurs d’eau et un changement de la granulométrie vers un substrat plus propice à la vie aquatique.
Après l’arasement du seuil, le peuplement piscicole est conforme au contexte sur le plan qualitatif. Mais sur le plan quantitatif, les résultats montrent des déficits en nombre et en biomasse d’individus par rapport au peuplement théorique. Cependant, l’arasement du seuil favorise les espèces migratrices qui colonisent l’amont du cours d’eau en premier (truite commune, barbeau fluviatile). Le rétablissement de zones de reproductions par le désennoiement en amont de l’ancien seuil, permet la reproduction effective de truites observée lors des comptages de frayères.
La satisfaction des élus, des usagers et des riverains est majoritairement présente. Cette opération a permis de déclencher une réflexion globale sur le transport solide dans la traversée de Tulle.
Suite à une étude, un plan d’action segmenté en quatre tronçons est élaboré pour renaturer la Corrèze dans la traversée de Tulle, les travaux sont réalisés entre 2014 et 2018. Avec à la suppression des quatre derniers obstacles transversaux, la continuité écologique sera rétablie sur au moins 4,7 km. Cette partie de cours d’eau retrouvera ainsi une morphologie plus naturelle grâce à la reprise de la dynamique fluviale.
La remise à ciel ouvert de la Sonnette et effacement d’un étang à Saint-Laurent-de-Céris

Terminés en mars 2014, les travaux de remise à ciel ouvert de la Sonnette et l’effacement d’un étang à Saint-Laurent-de-Céris avaient pour objectifs de :
- Valoriser le site d’un point de vue paysager
- Sécuriser le site
- Rétablir la continuité écologique

Le cours de la Sonnette et du Son-Sonnette est fractionné par de nombreux ouvrages qui perturbent le transport sédimentaire et la libre circulation piscicole. Parmi ces ouvrages, dix-sept sont désignés prioritaires pour les poissons migrateurs dont celui de l’usine de Saint-Laurent-de- Céris, infranchissable.
En effet, l’activité industrielle a nécessité divers aménagements du site, dont certains impactant directement la Sonnette : création d’un étang de 3 000 m pour alimenter le bief de l’usine ; couverture de la rivière sur le site même de l’usine sur un linéaire de 140 m, en aval du plan d’eau. L’étang est équipé d’un déversoir d’orage et de quatre vannes à crémaillère non fonctionnelles, qui font obstacle à la circulation piscicole et au transit sédimentaire. L’étang est très envasé (jusqu’à un mètre de vase) et la lame d’eau très réduite (10 à 55 cm). La rivière enterrée est entièrement maçonnée ; elle fait également obstacle à la circulation piscicole du fait de l’obscurité et de la présence d’un seuil de 50 cm de haut auquel s’ajoute une rupture de pente d’un mètre juste en aval des vannes. De plus, un lavoir en amont du site industriel présente un seuil bétonné de 55 cm, équipé d’une vanne non fonctionnelle, qui fait lui-aussi obstacle à la continuité ; la zone d’influence est de 70 m.
Ces différents aménagements sont à l’origine d’une dégradation de la qualité de l’eau, d’une uniformisation et d’un colmatage des habitats.

Les travaux et aménagements
Les travaux se sont déroulés en deux étapes, sur deux années : effacement du plan d’eau, puis aménagement du lavoir et ouverture de la rivière souterraine.
Les vannes du plan d’eau sont supprimées et la vidange réalisée. Après ressuyage des sédiments, de la terre végétale est apportée pour aménager l’emprise de l’ancien étang. Des arbres (essences locales adaptées) sont ensuite plantés. L’ancien étang ne fait pas l’objet de lourds travaux de terrassement, le parti étant pris de laisser le cours d’eau retracer naturellement son lit. La banque de graines de l’étang permet une recolonisation végétale rapide des bords de la rivière.
Lors de la réouverture de la rivière souterraine, sur un linéaire de 90 m, deux bâtiments sont démontés pour des raisons d’accès au cours d’eau et de stabilité. La remise à ciel ouvert de la rivière débute par la suppression du toit et des murs. Les matériaux des murs sont conservés et réutilisés pour l’aménagement du lit et des berges.
Dans la partie amont, compte tenu des contraintes foncières et des enjeux sécuritaires, le tracé en plan est très contraint. Les berges sont retalutées, enrochées, ensemencées et plantées. Les risques d’incision sont bloqués par la mise en place de seuils noyés. La recréation d’un lit mineur diversifié permet de restaurer des habitats plus favorables aux espèces rhéophiles.
Dans la partie aval, la remise à ciel ouvert ne peut pas être totale (linéaire de 50 m), pour des raisons de sécurité (salle polyvalente à l’aplomb). Des puits de lumière sont installés. Sous la voute de béton, la rupture de pente est supprimée par la création d’une rampe en enrochements.
Enfin le seuil du lavoir est équipé d’une rampe en enrochements rustiques, permettant son franchissement.




Le suivi
Lors de l’état initial (2011), les suivis portent sur le peuplement de macroinvertébrés benthiques ; deux stations sont définies, en amont du lavoir et en aval de la rivière souterraine. Il n’est pas prévu pour l’instant de les reconduire.
Les pêches de sauvegarde, réalisées en 2012 avant vidange de l’étang et en 2013 avant remise à ciel ouvert de la rivière, permettent d’établir l’état du peuplement piscicole sur le site. À l’issue des travaux, un suivi est instauré dans l’ancienne zone d’emprise de l’étang. Il porte sur le peuplement piscicole, avec une première pêche effectuée en 2013 (n+1), la seconde étant programmée pour 2016 (n+3).
Lors de l’étude préalable, des profils en long et en travers sont réalisés. Après les travaux, de nouveaux profils sont relevés en 2012 et en 2014. D’autres sont à programmer, lorsque le lit de la rivière sera un peu plus stabilisé.
Un suivi piézométrique est également entrepris afin de connaitre l’évolution de la nappe d’accompagnement au niveau de l’emprise de l’ancien étang.
Le bilan et les perspectives
Cette opération permet de rétablir l’accès pour les poissons à 4,8 km de cours d’eau plus amont et aux habitats favorables à la reproduction de la truite fario.
Les banquettes ont toutes été modifiées par la rivière et la granulométrie évolue sur certains secteurs, avec moins de fines sur l’amont notamment.
Le suivi piézométrique, réalisé avant et après la vidange, met en évidence de faibles variations de la nappe qui semblent plutôt liées aux conditions météorologiques.
Au niveau de l’étang, trois mois après la vidange, les rives étaient totalement végétalisées. Dans la portion remise à ciel ouvert, la végétation aquatique et humide a commencé à s’installer un an après la fin des travaux.
La pêche électrique, réalisée en juillet 2013 à l’emplacement de l’ancien étang, montre une recolonisation du secteur par la truite fario, le vairon et la lamproie de Planer. Mais le chabot est absent et les effectifs des autres espèces restent inférieurs à ceux attendus.
En revanche, des gardons, des carpes communes et des épinochettes sont présents, alors qu’ils ne devraient théoriquement pas se rencontrer sur cette partie du bassin versant.
À noter cependant, quelques points faibles : avant les travaux, le projet n’a jamais eu l’adhésion de la population locale, trop attachée à l’ancienne friche industrielle. Des compromis ont dû être trouvés afin d’emporter l’accord du conseil municipal, comme la conservation du lavoir et d’une partie de la rivière souterraine (pour des raisons de sécurité publique).
Quand le Longeau reprend son lit

Après 3 années de travaux de 2011 à 2013, le Longeau (re)serpente aujourd’hui dans ses anciens méandres.
Ce nouveau visage, 5 kilomètres de rivière sinueuse, présente de nombreux avantages : une rivière qui peut jouer pleinement son rôle d’autoépuration, une présence paysagère indéniable, un site d’accueil pour une diversité d’espèces végétale et animale.
Ce résultat a nécessité à la fois de la concertation avec les riverains et les agriculteurs et d’importants travaux réalisés par le syndicat d’aménagement du Longeau et de la Seigneulle. Ils ont consisté à retrouver un tracé de la rivière le plus naturel possible (en lieu et place du cours d’eau rectifié dans les années 1960) en remettant en communication le cours principal avec des sinuosités perdues. Dans ce projet, le mot d’ordre a été diversité : variation d’écoulements entre rapides et lents, variation des profondeurs du lit du cours d’eau, plantation de végétation adaptée… avec également comme ligne de conduite de faire en sorte que cet espace soit rapidement habitable par la faune et la flore. Car les inventaires faunistique et floristique ont montré que la vallée du Longeau abritait de nombreuses espèces dont certaines protégées : le martin pêcheur d’Europe, l’Agrion de Mercure (insecte), la mulette épaisse (moule d’eau douce), la lotte de rivière, la loche franche, le chabot…
Finalisée depuis 5 ans, cette première opération de reméandrage de cette ampleur sur le bassin Rhin-Meuse, à l’époque, a permis d’accroître les capacités naturelles du cours d’eau, notamment dans l’objectif de l’atteinte du bon état écologique et dans le respect des activités locales (dont agricoles).
Restauration du ruisseau du Grémillon : une mise en valeur en plein coeur de ville

Quand restauration du cours d’eau et gestion des inondations font bon ménage. L’exemple réussi du ruisseau du Grémillon.
Affluent de la Meurthe, d’environ 6 km de longueur, le ruisseau du Grémillon a été fortement modifié avec le développement urbain de l’agglomération nancéienne. Cette artificialisation a provoqué sa lente dégradation impactant la qualité de l’eau et engendrant de manière récurrente des inondations. Au printemps 2012, 2 orages successifs d’une forte intensité ont engendré des inondations exceptionnelles où la hauteur de l’eau dans certaines rues de la commune de Saint-Max a atteint plus d’un mètre. Pour résoudre ces problèmes, la métropole du Grand Nancy a déployé un ensemble d’aménagements dont l’objectif était d’assurer la protection des populations riveraines contre ces inondations et de soutenir la reconquête de la qualité du milieu naturel. Ont été en particulier créés deux ouvrages de rétention des crues avec intégration paysagère et développement de techniques de génie végétal, la remise à ciel ouvert du ruisseau, la restauration et la protection des berges du ruisseau sur l’ensemble de son linéaire.
Ce chantier d’envergure réalisé en milieu urbain a fait l’objet d’une information régulière et d’une concertation avec les populations riveraines. Les enseignants du secteur et les représentants de l’Education Nationale se sont mobilisés aux côtés de la Métropole du Grand Nancy, du Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de Nancy-Champenoux et de l’agence de l’eau Rhin-Meuse. Près de 600 élèves (soit 23 classes d’eau) ont suivi les travaux engagés dès février 2017 sur le cours d’eau. Leurs travaux ont fait l’objet d’une exposition pour mettre en valeur et faire re-découvrir leur ruisseau aux usagers (marcheurs, cyclistes et rollers) au cours d’une randonnée découverte.
Une opération de renaturation ambitieuse pour l’Yvette

L’Yvette, rivière de 40 km qui coule dans les Yvelines, a fait l’objet d’un vaste projet de renaturation sur 1 400 mètres de cours d’eau, porté par la Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse.
Pour que l’Yvette retrouve son fonctionnement naturel et qu’elle puisse à nouveau rendre les services écologiques dont elle est capable, les travaux engagés donnent à nouveau au cours d’eau des formes libres. Ils ont supprimé les obstacles artificiels et permettent ainsi à l’Yvette de retrouver une dynamique naturelle. C’est une réalisation rare, au cœur d’une zone habitée et en plein cœur d’une réserve naturelle, qui apporte également une réponse à la maitrise du risque inondations.
Rétablir la continuité écologique à Hirson : une belle opération pour plusieurs objectifs

La restauration de la continuité écologique et sédimentaire, grâce à la suppression de deux seuils de 3 mètres de hauteur, au rétablissement d’une zone humide connectée et à l’aménagement des berges et leur végétalisation, ont permis au Gland, affluent de l’Oise qui traverse le centre-ville de Hirson, de retrouver un environnement naturel préservé.
Ces travaux placés sous la maîtrise d’ouvrage de l’Entente Oise Aisne ont été entièrement financés par l’Agence de l’eau Seine-Normandie à hauteur de 1,9 million d’euros. Cette opération est reconnue comme étant une réalisation exemplaire, à la fois par les ingénieurs et les professionnels que par les élus et les habitants.
En effet, elle a permis simultanément de restaurer la continuité sédimentaire sur la rivière, d’améliorer l’habitat des espèces aquatiques, de rétablir la migration des poissons vers des zones de reproduction et d’abaisser les niveaux de crue. A noter qu’en plus de l’intérêt écologique et hydraulique, les travaux valorisent également le cadre de vie de Hirson.
Parallèlement, d’autres interventions ont été entreprises qui permettront de reconnecter le Gland aux ruisseaux pépinières de la forêt de Saint-Michel, joyaux de biodiversité des vallées d’Oise, situés en amont.
L'effacement du barrage du gué Giraud pour restaurer la Glane à Saint-Junien

Dans les années 1950, la ville de Saint-Junien construit un barrage de 6 mètres de hauteur et 36 mètres de longueur sur la rivière Glane, affluent de la Vienne, pour y puiser l’eau destinée à alimenter la ville en eau potable. Au fil de son exploitation, cette retenue de 77 000 m3 s’envase jusqu’à accueillir plus de 85 % de sédiments en 2011, une île s’y est même formée.
En 2008, face à un souci de pompage et à la présence de cyanobactéries, le conseil municipal décide de raccorder Saint-Junien à la ville de Limoges pour l’approvisionnement en eau potable (42 km de conduite). L’exploitation du site au barrage de Gué Giraud est abandonnée.
Sans usage du barrage, les élus décident de le supprimer en 2013. Une décision qui ouvrait de nouvelles perspectives pour le site : retrouver le cours originel de la Glane et une meilleure qualité chimique et écologique de la rivière.
Les travaux de déconstruction du barrage : un chantier d’envergure
Cette action s’inscrit dans un contrat territorial milieux aquatiques.
Les travaux du Gué Giraud débutent dès 2014 par un abaissement du plan d’eau de 3,5 ha.
Entre 2014 et 2016, les études et démarches administratives à mener avant un tel chantier sont réalisées. Les travaux se déroulent entre mai et décembre 2017 et des ajustements sont réalisés au printemps 2018. L’inauguration du site a lieu le 11 janvier 2019.
Les premières étapes ont consisté à accéder au barrage et au lit mineur ancien de la glane. Pour cela une piste digue a été réalisée. Une rivière de dérivation a été construite pour pouvoir isoler la zone de chantier et la mettre à sec.
La découpe du béton du barrage et le curage des sédiments pouvaient alors avancer sans risque de pollutions des eaux de la rivière. Les 20.000 m3 de sédiments curés (plus de 5 piscines olympiques) du lit restauré ont été répartis sur la rive gauche du nouveau lit de la Glane, dans l’emprise du lac formé auparavant par le barrage.
Pour finir, les cheminements sont consolidés avec les blocs bétons du barrage qui ont été concassés, puis les berges sont restaurées au moyen de techniques végétales. Enfin, la dérivation est supprimée pour laisser la Glane réinvestir son nouveau lit.
Ce gros chantier a mobilisé 6 entreprises, 2 bureaux d’étude et de contrôle ainsi que 3 associations.
Le coût global des travaux s’élève à 1,5 millions d’euros, dont 80 % financé par l’agence de l’eau Loire-Bretagne et 20 % par la région Nouvelle-Aquitaine. Ces travaux ont permis de rétablir la continuité et les fonctionnalités du cours d’eau, dans une optique de retour à un état sauvage et naturel. 400 mètres de lit naturel ont été recréés dans l’emprise de l’ancienne retenue et à l’aval. La mise en place d’outils pédagogiques, visites, film et site internet dédié, a accompagné la démarche pour faciliter la bonne appropriation du projet par la population locale.
Le site du Gué Giraud aujourd’hui : quels résultats ?
Un an après la fin de travaux, la nature a repris ses droits. La Glane a retrouvé un cours naturel proche de celui d’origine. Ces travaux permettent la réouverture de la Glane à la migration des poissons.
Des suivis de pêches électriques ont été réalisés avant et pendant le chantier. Ces suivis se poursuivent pour mesurer les évolutions. Le retour de certaines espèces patrimoniales comme la truite fario, la loutre d’Europe ou le cingle plongeur ou encore la lamproie est attendu.
Le succès de ce chantier réside aussi dans l’appropriation des travaux et du site par la population locale. Le nombre de visiteurs pendant et après les travaux a augmenté. Il est prévu d’ailleurs prochainement la réalisation d’un sentier d’interprétation pour valoriser l’ensemble du patrimoine de ce site : historique, culturel, naturel et paysager.
Restauration de la Brenne et du Gault à Château-Renault

Château-Renault est la principale ville du bassin versant de la Brenne (5 100 habitants) située à la confluence de la Brenne et du Gault. Elle a été marquée par plusieurs siècles d’activités liées aux tanneries qui ont largement artificialisé les cours d’eau et leurs abords. Après des restructurations urbaines menées dans la deuxième moitié du 20e siècle, les situations héritées au début du 21e siècle sur la Brenne et le Gault étaient différentes. Pour la Brenne, les actions de revalorisation des anciens sites industriels avaient conduit, à la fin des années 1970, à créer deux plans d’eau par la pose de deux clapets. Pour le Gault, la situation était complexe par le caractère urbain (bâtiments et réseaux à proximité) et l’existence de 4 ouvrages qui entravaient son cours. Le but était de redonner un caractère plus naturel à ces cours d’eau.
Le contrat territorial, outil de la restauration de la Brenne et du Gault
La restauration de la Brenne et du Gault, au cœur de Château-Renault, est l’opération phare du contrat territorial de la Brenne. En milieu urbain, dans un secteur très dégradé par les anciennes activités industrielles, plusieurs ouvrages ont été supprimés et le lit des rivières réaménagé.
Sur le Gault, les premières études ont débuté en 2004 pour envisager un projet de restauration d’ampleur en milieu urbain.
Et entre 2014 et 2017, de nombreux travaux ont été menés pour redonner un caractère plus naturel à cette rivière :
- les berges artificielles ont été réaménagées
- 3 ouvrages/barrages ont été effacés
- une partie de rivière qui était busée a été ré-ouverte
- un passage bétonné a été aménagé en passes à poissons pour assurer leur circulation
Sur la Brenne après rupture du câble du clapet de la gare en 2007 qui n’a jamais été remonté pour assurer la continuité écologique, l’effacement de celui du camping a pu être envisagé. Ces travaux se sont accompagnés d’une requalification des berges communales et privées pour permettre l’accès en toute sécurité, leur stabilisation et l’entretien régulier.
Le montant global des opérations s’élève à 760 000 euros financées par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, la région Centre-Val de Loire, le conseil départemental d’Indre-et-Loire et les fédérations nationales et départementales pour la pêche et la protection des milieux aquatiques.
La continuité écologique retrouvée
Les rivières stagnantes sont devenues courantes avec des habitats aquatiques variés et des possibilités d’accès sécurisés pour le public dans des milieux rendus plus naturels. Plus aucun ouvrage n’entrave la circulation de l’eau dans la commune. La continuité écologique est rétablie sur la Brenne pour 2,5 kilomètres et le Gault pour 5,5 kilomètres.
« Suite aux opérations d’ampleur réalisées dans le précédent contrat territorial, des ajustements sont envisagés comme un apport de matériaux pour créer des habitats pour la faune au lieu-dit Méré ou encore des plantations à faire sur les berges par la commune…Un inventaire de la biodiversité communale vient d’être réalisé mettant en avant ces sites. Des actions de sensibilisation avec le comité de quartier et auprès des jeunes sont menées. »
Pierre Mesnier, technicien de rivière au syndicat de la Brenne
« Dans ce projet, il faut saluer la persévérance et l’engagement des élus qui ont su convaincre et accompagner ces changements. Il faut également souligner son caractère pédagogique permettant d’allier l’amélioration du cadre de vie en milieu urbain et la restauration des fonctionnalités écologiques d’un cours d’eau. Les résultats sont au rendez-vous : la Brenne et le Gault ont retrouvé un cours plus naturel dans la traversée de la ville. Et comme en témoigne l’apparition de frayères à truites, les habitats aquatiques se diversifient créant ainsi des conditions plus favorables à la biodiversité. »
Amélie Garnier, chargée d’intervention à la délégation Centre-Loire de l’agence de l’eau Loire-Bretagne
Le rétablissement de la continuité écologique de la Hem au Moulin de Leulenne

La Hem est un cours d’eau long de 26 km qui prend sa source dans la commune d’Escoeuilles dans le Haut Artois, à une altitude de 115 m. Elle abrite de nombreuses espèces piscicoles telles que la truite fario, le chabot, la lamproie et des espèces migratrices dont l’anguille et le Saumon atlantique pour les plus emblématiques, mais aussi les lamproies ou encore la truite de mer.
Ces espèces ont besoin de se déplacer pour accomplir leur cycle de vie. Elles peuvent parcourir des milliers de kilomètres pour rejoindre la mer ou les cours d’eau, où se trouvent leurs lieux de reproduction ou de croissance.
Cependant, elles s’en trouvent parfois empêchées par les nombreux ouvrages hydrauliques qui se trouvent sur leur chemin.
C’est le cas du moulin de Leulenne
Ce moulin est situé sur la commune de Tournehem-sur-la-Hem. Il était autrefois
utilisé pour la préparation de la farine et de l’alimentation du bétail. Jusqu’à aujourd’hui, il ne restait que 2 seuils mais ceux-ci empêchaient l’écoulement naturel de l’eau et dans le même temps la libre circulation des poissons.
En 2017, le suivi des nids de ponte conduit par la Fédération du Pas-de-Calais pour la pêche et la protection du milieu aquatique (FDAAPPMA 62) a montré que cet ouvrage faisait obstacle à la migration des salmonidés migrateurs et des lamproies, dans l’incapacité d’accéder à leurs zones de frayères situées
à l’amont.
Après l’acquisition de la parcelle concernée par l’Agence en 2012, il a donc été décidé de supprimer cet obstacle devenu sans usage ainsi que la digue longeant la rivière, très endommagée car présentant une brèche.

Après une phase d’études démarrée en 2014, les travaux ont démarré en 2017
L’objectif de ces travaux était de rétablir les caractéristiques morphologiques naturelles de la Hem sur une longueur de 400 mètres. Cette opération a permis de supprimer la digue, de restaurer les habitats aquatiques et de rétablir la continuité écologique de la rivière facilitant le déplacement des poissons et des sédiments. Saumons, truites de mer et de rivière, lamproies et anguilles peuvent désormais parcourir librement ce cours d’eau sur un vingtaine de kilomètres.
Les travaux d’effacement ont été réalisés en maîtrise d’ouvrage directe et financés par l’agence. Ils bénéficient d’un financement du FEDER. Les études et travaux ont bénéficié de l’assistance à maîtrise d’ouvrage du Parc Naturel Régional Caps et Marais d’Opale et du Syndicat mixte de la Vallée de la Hem (SYMVAHEM). A noter que l’aspect patrimonial du bâti a pu être préservé en contournant le moulin.

La vie aquatique reprend son cours…

Ces travaux de reméandrage ont également favorisé la création d’une diversité d’habitats nécessaires au bon fonctionnement de la vie aquatique, notamment les zones de reproduction et de croissance.
Par ailleurs, la suppression de ces ouvrages est une priorité du Programme de mesures 2016 – 2021 en application du Schéma Directeur d’Aménagement de Gestion des Eaux 2016 – 2021 pour l’atteinte du bon état des eaux. Pour rappel, la Hem est actuellement l’une des rivières du bassin en bon état écologique.
Les travaux de rétablissement de la continuité écologique de la Hem au moulin de Leulenne ont été inaugurés le 9 novembre 2017.